- LE MOT DU PRÉSIDENT -

 

Six ans après Bruxelles, le Conseil international (CI) d’Abidjan a permis aux délégués du réseau mondial des ACAT de se retrouver pour échanger, réfléchir ensemble sur la vie de la FIACAT. L’occasion était toute trouvée pour célébrer, certes dans la sobriété, mais dans la ferveur les 30 ans de la FIACAT.

Conformément à son plan d’action, la FIACAT a poursuivi en 2018 la mise en oeuvre de trois axes stratégiques. Ainsi du 11 au 13 avril 2018, le CI a notamment révisé les statuts de la FIACAT, adopté de nouveaux taux de cotisations des ACAT, affilié l’ACAT Niger et recommandé au Bureau international de la FIACAT de faciliter la tenue d’élections régulières au sein de l’ACAT Cameroun ; c’est chose faite, la suspension de l’ACAT Cameroun a été levée en octobre 2018 et elle a réintégré la FIACAT.

Le premier est relatif à la lutte contre la torture et les mauvais traitements à travers le programme de lutte contre la « détention préventive abusive ». Il se déroule dans quatre pays d’Afrique : Congo Brazzaville, Côte d’Ivoire, Madagascar et République Démocratique du Congo. Les résultats obtenus sont souvent au-delà des espérances. Ainsi pour l’année 2018, ce sont notamment 1 697 libérations de prévenus dont la détention était au-delà des délais légaux. Au vu des résultats satisfaisants, un cinquième pays, le Tchad, vient d’être intégré à ce programme. L’accès à la justice des personnes détenues reste en enjeu de taille partout dans le monde. Ainsi, la FIACAT a participé à un important colloque à la Cour européenne des droits de l’Homme sur le sujet en décembre 2018.

Le second porte sur l’abolition de la peine de mort. La FIACAT mène depuis 2015 un programme visant son abolition conjointement avec la Coalition mondiale contre la peinede mort dans 21 pays d’Afrique subsaharienne. Un atelier de capitalisation a eu lieu à Abidjan le 9 avril 2018. Cet événement a permis de faire le bilan et de mieux réorienter la lutte abolitionniste sur le continent. Une leçon est à tirer de cette rencontre : l’Afrique estle prochain continent abolitionniste.

Ces combats pour l’interdit de la torture et l’abolition de la peine de mort ne sauraient exister sans des activités de formation, de sensibilisation et de plaidoyer qui aboutissent parfois à de bonnes nouvelles telles : l’abolition de la peine de mort au Burkina Faso le 31 mai 2018 et l’augmentation du nombre d’États ayant voté en faveur de la résolution de l’Assemblée générale des Nations unies appelant à un moratoire universel sur les exécutions capitales (117 en 2016 et 121 en 2018).

Enfin, le troisième axe concerne le soutien de la FIACAT aux ACAT. Il porte sur lerenforcement de leurs capacités, leur accompagnement devant les instances régionales et internationales, le relais de leurs campagnes. 2018 est aussi l’année de la condamnation de Germain Rukuki, militant de l’ACAT Burundi à 32 ans de prison. Face à cette condamnation arbitraire et dans l’attente du verdict du jugement en appel, la FIACAT et les ACAT par leur mobilisation espèrent sa libération en 2019.

La FIACAT, qui est rentrée dans l’âge de la maturité, sait qui lui reste encore de nombreux défis à relever. Mais forte de son réseau et ferme dans la foi, elle continue d’ouvrir à temps et à contre temps des chemins d’espérance.

Paul ANGAMAN

Président de la FIACAT